Recherche & contemplation

« En tant qu’artiste, vous devez être obsédé par quelque chose. Obsédé dans le sens positif. Obsédé par un objet, un sentiment ou une question et aller au fond des choses. Ne pas rester statique, mais continuellement chercher – à des profondeurs et des couches dans lesquelles d’autres ne vont pas ou très peu.

Dans le travail quotidien, la technique et les choses apprises à l’Académie d’art ne sont pas le point central, mais des moyens pour arriver au but. Le plus important, l’élément principal, ce sont les émotions, qui viennent des profondeurs de l’âme, du plus profond du cœur, sous une forme – qu’il s’agisse de peinture ou de sculpture – nouvelle à accepter.

Une oeuvre complète est, selon moi, comme regarder dans un miroir et y redécouvrir mon image du monde et ma façon de le représenter.

Le taureau est une récurrence, la principale source d’inspiration de mon travail. A ce niveau là, il est important pour moi de noter, qu’Il n’est pas question ici de corrida ou d’une quelconque forme de machisme. Le taureau avec son énorme masse noire ainsi que son étonnante agilité et rapidité me font toujours tomber sous son charme. En outre, s’ajoute au taureau une incroyable et considérable volonté. Après tout, – et c’est ce qui est fascinant – les hommes ont tenté de le dominer depuis l’Antiquité déjà. Sans succès. Au lieu de se laisser abattre, le taureau se bat, et ce jusqu’à sa mort…

La fascination pour cet extraordinaire taureau, permet également de tirer un parallèle à la situation d’«être un artiste» lorsque l’on vit une dictature. Les dictatures ont toujours tentées de dominer ou de réduire au silence, les artistes. Et parce qu’une minorité se laisse maîtriser, les autres sont torturés, voire parfois même tués.

Mais plus je traite avec le taureau, plus je découvre d’aspects en lui. Il peut se montrer plus ou moins abstrait mais surtout il transmet cette force, cette énergie et cette détermination. Mais parfois, il peut survenir quelque chose d’étonnant chez le taureau, exprimant une certaine solitude, quelque peu perdu, parfois même attachant.

Parfois, le taureau est aussi un moyen pour atteindre le but. Car en plus de toute cette force, cette violence et cette énergie que je peux représenter du taureau, dans mes peintures subsiste cette contemplation comme étant le point central. Si l’on regarde le taureau, attentivement, fixement et pendant une longue période, alors se développe autours de lui une sorte d’aura. Un phénomène optique qui donne corps à la sensation d’un taureau vivant.

La contemplation joue également un rôle important dans l’élaboration de mes tableaux. Avant que le pinceau ne matérialise son chemin sur la toile, je médite le mouvement du bras et de l’image qui existe déjà dans l’œil de mon esprit. C’est une combinaison de pauses, de méditation, de tension et de détente en même temps, avant de laisser danser le pinceau sur la toile. Il n’est nullement question d’une interaction grossière avec la toile, comme pourrait peut-être le laisser penser un sujet tel que celui du taureau. Au contraire. L’interaction avec la toile est d’ordre méditative. »

Texte libre, basé sur une interview de René Vasquez en avril 2013.